La maison qui fait tic-tac...
...j'y suis.
C'est marrant comme on se souvient toujours de certaines choses.
Comme la mer et le ponton, l'allée des pins et son odeur (j'ai longtemps confondu l'odeur des pins et celle de la mer. A Noël, pour moi, mon salon sentait la mer), l'allure des maisons et des végétaux, l'odeur de pain et de lavande de la voiture (n'est ce pas, la Sœur?) l'accent de la famille, la chaleur du studio et la pénombre pourtant lumineuse (je ne trouve pas d'autre expression pour décrire ça) de la maison des grands-parents...
Et il y en a d'autres que j'oublie chaque année.
J'oublie qu'ici les montagnes sont aussi proches que la mer.
Ce sont encore des montagnes différents, d'ailleurs. Les Alpes me semblent toujours jeunes et arrogantes parce que se savent spectaculaires. J'avoue ne pas trop les aimer.
La forêt-noire et les Vosges sont vieilles et aimables, comme des grands-mères, à condition qu'on leur donne le respect qu'on leur doit.
Ici, les montagnes sont des amies. Des amies un peu sauvages, qui sentent le pin, la terre et le feu.
Et j'oublie le tic-tac. Dés que l'on s'arrête deux minutes de bouger, le tic-tac revient. Pas un seul, d'une imposante horloge: tous les tic-tac des horloges de la maison.
Du milieu du salon, on doit pouvoir lire sans bouger, l'heure à sept endroits.
Le bruit n'est pas désagréable, il est même amical. Moi, de toute façon, j'ai toujours aimé ce bruit.
Je n'ai jamais compris pourquoi les gens disent que c'est le bruit du temps qui passe. Il rythme le temps, oui, il le meuble, si on veut.
Mais je ne vois pas pourquoi il le représenterait plus qu'un autre seulement parce qu'issu d'une horloge.
D'ailleurs, pour moi, le meilleur bruit pour représenter le temps, c'est celui d'un ventilateur à pales, qui découpe l'air tranche à tranche.
Tout ça pour dire que j'aime le tic-tac de cette maison.