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Et c'est tout... Le Trait et le Dire
20 février 2011

des bébés échangés à la naissance, un étang mystérieux dans une forêt mystérieuse et un hibou...

Qu'est ce que Camillou ne va pas chercher...
J'ai eu du mal, en fait, à l'écrire celui-là, parce que j'ai eu du mal à me détacher de tous ceux que j'ai lu...
En effet avec le cours "Etude du genre", "Le masculin et le féminin dans les contes"... je peux dire que j'en ai lu. je suis d'ailleurs très déçue par la Compagnie des Loups, toujours aussi horrifiée par Riquet à la Houppe et amoureuse d'Andersen!

Bref.
Sinon, oui, je bosse. Et, Ifni, pas qu'un peu! Je programme les devoirs avec une précisions chronométrique pour pouvoir tout faire. C'est surtout maintenant que tout tombe et je serais (je l'espère) plus tranquille dans un mois... Mais en attendant, adieu tranquillité, bonjour prise de note.


Il est arrivé une fois qu'un loup devint un homme pour les loups. Et c'est de cette fois que naquirent  les justices des hommes et des bêtes.

Il y a bien longtemps les bêtes ne savaient ni quel était leur rôle ni quelle était leur place: il arrivait alors que le renard broute un champ tandis qu'un troupeau de pas-si-paisibles ruminants se partageait quelque carcasse  de loup qu'ils avaient acculé et écrasé. Même lorsque chacun eut ses habitudes, us et coutumes telles qu'elles sont aujourd'hui, il arrivait que le mouton, par on ne sait quelle volonté de révolte, refusa d'aller au pâturage et préféra quelques morceaux de viande.

Mais plus que cela (le mouton, prit d'indigestion revient souvent à l'herbe après un tel  régime), ce qui nécessita une décision ce fut les actes, absurdes et inouïs, un homme dirait criminel mais les bêtes ne connaissent pas ce mot, qui se produisaient alors ponctuellement. Un clan de carnivores faisaient un carnage et tuait tous les petits d'un troupeau, un mâle éliminait tous ses rivaux et restait seul à procréer...entre autres exemples de ce qui mettait en danger l'avenir de certains et donc de tous.

Il fut alors décidé une mesure d'exception: durant un grand rassemblement qui dura plus de trente jours on décida de créer un juge impartial, un être qui ayant pris mesure de l'existence toute entière, sous toutes ses facettes et disposant d'un grand recul sur les affaires qu'il avait à trancher permettrait de savoir ce qui était bon et ce qui ne l'était pas. A cette fin on choisit de confier un orphelin animal aux humains et d'élever un des leurs dans ce rôle de juge.

L'âge venu, on récupérerait l'enfant-loup et rendrait l'homme à sa famille. Les animaux ayant pleine conscience à leur naissance on savait que le loup chercherait à affuter son rôle et son jugement sans que personne ne le guida et en échange on formerait un juge pour les humains (qui en avaient bien besoin.

Au bout de vingt ans lorsque l'on procéda à nouveau à l'échange on révéla aux hommes la stratégie mise en place et chacun s'en trouva bien aise durant un long moment.

Chez les hommes le juge savait dire à qui revenait le terrain (mais demandait où était la signature de la terre et du soleil sur l'acte de propriété), comment réparer un adultère causée par  l'épouse (mais cherchant toujours s'il n'y avait eu faute du mari) et pourquoi telle femme qui avait tué celui qui l'agressait devait être épargnée.

Chez les animaux le juge savait dire quelle proie il était bon de choisir, quels points d'eau devait être partagés et les moments où fallait laisser les troupeaux se reproduire paisiblement.

Toutefois il est vrai que le rôle d'un juge n'est que de proposer ou de punir: entre les deux il n'a aucune prise sur les évènements. Or donc il ne peut empêcher certains agissement de se produire et malgré ses ordonnances on voyait chez les animaux de tristes disparitions de chevreaux, agneaux, oisillons et autres tendres chairs.

Il fut décider de dépêcher un message au juge des hommes afin que les deux juges, ensemble, trouvassent sinon une solution du moins une explication à ces agissements.

Durant des jours entiers l'homme chercha dans les bois de son enfance comment un animal pouvait ainsi décimer sans raison et créer du tort à tous. La nuit du 11ème jour, las de poser des questions qui restaient sans réponse, il alla se reposer chez le hibou qui l'avait accueilli à son arrivée. Il avait déjà alors perdu la tête mais les autres animaux pensaient qu'exposer l'enfant à un discours incohérent lui ouvrirait l'esprit. Alors qu'il lui contait machinalement ses recherches, l'oiseau de nuit dardait ses yeux jaunes sur lui, grands ouverts, qui semblaient perpétuellement voir quelque esprit ou quelque atrocité.

« Sous l'eau stagnante ils reposent... L'animal passé par l'homme redevenant animal....L'homme reste comme une tique sous le pelage... ». Et ainsi alignant des propos incohérents.

Mais les propos incohérents ont souvent une explication et pour cette fois l'explication était un étang. Un étang qui, d'eau stagnante, était pourtant beau: noir comme l'encre même sous le vif soleil de midi qui éclairait la clairière, il ne révélait rien de ses profondeurs. Du moins jusqu'à ce que des hérons et des martins-pêcheurs vinrent confirmer que là, sous l'eau, des dizaine de petits cadavres à peine grignotés reposaient. Il semblait que longtemps on avait joué avec eux avant de les achever et devant un tel comportement chacun restait interdit.

Et le juge des hommes de se tourner vers son confrère animal:

« Voilà ce que m'a dit le vieux hibou: que l'humanité reste toujours accrochée, comme une tique, à celui qui a été élevé chez les humains.

Les bêtes ont les crocs, les griffes et le goût du sang mais assez de raison pour ne pas en abuser. Les hommes ont le goût du plaisir et assez de passion pour outrepasser la raison. Alors voilà donc ce que devient un animal élevé chez les hommes: le goût du sang libéré, l'égoïsme primant sur la meute. »

Et chacun de se jeter alors sur le juge-animal et de dévorer jusqu'aux os la bête corrompue.

Depuis les hommes n'ont pas de juge et se disputent stupidement sur les choses qu'un peu de raison suffirait à trancher. C'est aussi depuis lors que les bêtes ont décidés de se mettre à distance des humains, à désapprendre leur langue, à fuir leur compagnie, allant jusqu'à choisir de vivre moins longtemps qu'eux pour que jamais une telle expérience ne put recommencer.

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Commentaires
C
Alors là, tu m'as bluffée! o_O <br /> Je m'attendais pas du tout à ça (je suppose que c'était le but?^^). Le côté juridique, notamment, est sympathique. Merci donc pour ce nouveau conte! (bien différent de tout ce que j'ai pu lire, je peux te l'assurer! :D)
Et c'est tout... Le Trait et le Dire
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