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Et c'est tout... Le Trait et le Dire
4 janvier 2011

...

Donc voilà, Jasiek il y a deux jours, me propose le conte suivant: une prostituée, un super-héros et "ta mère".
Ben voilà, c'est fait.
A toi de me filer ta version, mon vieux! Par mail si tu veux pas sur ton blog mais ce serait plus drôle.

Et si quelqu'un d'autre veut essayer, il peut le faire et puis il le poste sur son blog et me file le lien ou me l'envoie et je poste moi-même!


L'APS (Agence pour la Promotion des Superhéros) avait été rencardé a propos d'un braquage à main armé. Quartier peu sensible mais peu médiatisé, ils avaient décidés de refiler l'info à un jeune débutant qui pouvait s'en servir pour faire ses preuves. Et, au pire, cela porterait peu de préjudices à ses collègues.

Mais, là, cette histoire commençait à l'agacer. Déjà que le costume avait été LA pierre d'achoppement qui l'avait longtemps fait hésité entre une carrière dans la pègre et une carrière dans la Ligue, la situation était à deux doigts de le traumatiser.

Oui. Il savait penser en italique.

D'abord il avait fallu chercher à savoir qui menait l'opération et la cible exacte. Le renseignement, il l'avait appris dans sa première semaine de cours, était à chercher du côté de ceux qui frayaient avec la pègre. Mais, et c'est là que la chose se compliquait, image oblige, il fallait aller la chercher sans se compromettre.

Autrement dit en ne conversant qu'avec les individus à la limite du fréquentable pour un superhéros. Encore autrement dit, avec ceux qui sont encore moins fréquentable que les pires criminels pour les gens normaux.

Il commença par les clochards. Règle n° 1 de l'information: le clochard ne sait jamais rien mais sait toujours qui pourrait savoir...

Ceux-ci n'échappaient pas à la règle: « Un casse? Quel casse? »... « Non, rien de ce genre... » «  Z'avez entendus parler d'un casse vous autres? »... « C'est quoi un casse? »...

Règle n°2:... si vous savez le leur rappeler.

« Dites, monsieur, z'auriez pas de quoi grailler? »

Là, pause de deux secondes. Deux secondes existentiellement importantes pour notre débutant qui se rend compte que, entre autres défauts, son costume ne lui permet pas de transporter de l'argent sans avoir l'air (encore plus) ridicule. Donc il n'a pas de quoi faire parler les clochards.

Eux continuent à parler sans paraître s'apercevoir de son trouble.

« Ou pour boire.... »... « Ou pour se faire un petit plaisir... »... « ou... »

Au bout de quelques instants ils s'aperçoivent du trouble de leur vis-à-vis.

L'un d'eux, un vieux dont même la couleur de peau n'est pas identifiable sous la crasse, fait une moue compatissante.

« Nouveau, hein? »

Il acquiesce, penaud.

« On sait ce que c'est d'essayer de s'en sortir....T'inquiètes mon gars, on va s'arranger. »

 

Vingt minutes plus tard, à la recherche d'un boxeur que les clochards lui ont indiqué, il ne sait s'il a bien fait. Après tout sa cape, avec système auto-chauffant intégré, fonction d'envol et renvoi de projectiles lui avait coûté toutes ses économies. Et il trouvait que, pour un type en collant, une cape était l'ultime rempart contre la honte.

Il se rappela vaguement les paroles de son prof de stratégie qui lui serinait invariablement « Adaptation! Le maître mot est adaptation! ».

Le boxeur en question, il n'a pas de mal à le trouver. En vérité c'est lui qui vient à sa rencontre, fuyant à toutes jambes son foyer, la voix féminine qui vitupère à l'intérieur et la poêle qui le poursuit. Ce en quoi il ne réussit que pour deux tiers.

Il s'époussette en se relevant et ce n'est qu'alors que notre débutant remarque qu'il est torse nu. Le boxer le prend à partie:

« La bourgeoise est furieuse! Je viens de lui apprendre que j'ai, à peine, déchiré ma dernière chemise. Un petit accroc. Rien du tout. Quinze centimètres... »

Notre protagoniste compatit chaleureusement et amène en douceur le sujet qui l'intéresse.

« Ouais, j'en ai bien entendu parler de ton truc... Mais faudrait me rendre un petit service... C'est que j'ai pas envie de revoir ma douce dans l'immédiat et j'ai l'air un peu con là... »

Face à l'incompréhension de son interlocuteur il précise:

« Et j'aime bien ton sweat mec... »

L'autre soupire et se déshabille.

Il a le temps de se maudire cent fois d'avoir accepté alors que de partout des sifflets et des moqueries s'élèvent, lorsqu'il pénètre dans le quartier des filles de petite vertu. Il n'a plus qu'a espérer que le tuyau du boxeur n'est pas percé.

« Vous êtes bien Clara? »

Une femme, assise sur un perron, lève les yeux vers lui.

« Elle-même mon chou. Je fais pas les relations avec des filles ni les photos.

-C'est pas ça. Je cherche un renseignement. Un casse ce soir... »

Alors qu'il lui explique il voit bien qu'elle sait de quoi il parle.

« Je connais l'heure et le lieu... »

Il se croit sauvé.

« … mais ma colloc' s'est tiré ce matin en embarquant tous les collants pas filés. Et je me caille. »

Cette fois, il comprend instantanément et ouvre des yeux ronds. Certes, il a toujours trouvé ses collants horribles. Mais de là à déambuler en slip.

Pourtant, il n'a pas le choix. Il ne peut reculer après avoir fait tout ça. Surtout qu'il est sur la paille et qu'il a besoin de la prime.

Alors, poussant un gémissement à fendre l'âme, il ôte ses collants.

Planqué devant la bijouterie, il attend le gang des braqueurs. Lorsque ceux-ci arrivent ils ont l'air en pleine discussion sur le déroulement supposé de leur action.

« Et moi je vous dis qu'on peut pas le faire à visage découvert!

-Mais on m'a assuré qu'il y avait pas de caméra!

-Et les employés, ils sont aveugles ducon? »

Soupirant devant tant d'amateurisme il s'avance vers eux. Celui qui a l'air d'être le chef l'aperçoit.

« Et mec, qu'est ce que tu veux?... Eh... attends-voir... »

Ravi d'être reconnu, il s'arrête, le temps que les autres se mettent à avoir peur.

« Il est chouette ton masque, vieux... Tu le louerais pas? »

Seconde de flottement indicible.

« Et ta mère, tu la loues? »

Oui, il sait aussi parler en gras.

Et voilà, comme il l'explique aux policiers et à la représentante de l'APS, pourquoi la bijouterie est démolie, de même que les quatre types et le petit parc attenant. Oui, il sait, il aurait pu blesser quelqu'un. Mais, détail important, il n'a blessé personne. Donc tout est réglé messieurs les policiers. Maintenant, pour sa prime... Mademoiselle? Euh, la prime? Et puis les frais de mission... Mademoiselle?

 

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Commentaires
C
Il vaut mieux que tu fasses comme tu préfères.
L
Je sais pas si c'est parce que j'ai demandé le conte moi-même mais je trouve que ton style y est meilleur que dans l'autre ^^ après pour l'histoire t'arrive toujours à inventer quelque chose de suffisamment formidable, ce qui est particulièrement énervant pour moi qui ait un mal fou à inventer la moindre bribe d'histoire sans me casser un bras.<br /> <br /> Sinon, j'ai du mal à comprendre: vaut-il mieux que je poste mon conte sur mon blog ou que je te l'envoie par mail?
Et c'est tout... Le Trait et le Dire
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